Jan Saudek

30 juillet 2005

Jan Saudek - photographe et peintre

Est né le 13 mai 1935 à Prague. Il a commencé par travailler dans une imprimerie où il a pris goût à la peinture. A cette époque de vaches maigres, il ne possédait qu'une bicyclette et un appareil photo. Il habitait une cave sinistre qui donnait sur une petite cour. Les murs étaient moisis, le plâtre s'effritait... Et tout cela a donné naissance à son oeuvre.

Dès 1972, il se souvient de sa cave et décide d'y faire la quasi-totalité de ses clichés. Tous étaient, sont et seront en noir et blanc. Il choisit pour sujet ses amies grandes ou petites, parfois belles, souvent difformes. Il les met en scène, les pare de bijoux, les photographie dans la même posture 10 ans après. Il fixe ses fantasmes d'amour et de mort sur la pellicule, se met également lui-même en scène.

Vers 1977, il décide de combiner ses deux passions et peint ses photos. On voit ainsi apparaître des femmes aux seins énormes dont les veines ont été rendues apparentes par le truchement de la gouache, des photos légères et dénudées où une femme agenouillée, au profil sublime et aux lèvres peintes d'un rouge profond baise la main d'un homme. Le tout dûment "colorisé" avec talent donne une impression de vieille photo du début du siècle.

Mais au delà de l'aspect esthétique, Jan Saudek symbolise, stigmatise ses fantasmes, en fait des thèmes de fond. Ainsi, la fenêtre, seule ouverture vers l'extérieur, est prétexte à tous les excès et au "miroir inversé" de la situation de la cave. Les femmes sont souvent grasses et potelées, symbole de féminité et de maternité. Les femmes minces ou parfois maigres à l'extrême, sont parées d'un attribut phallique symbolisé par un couteau ou une grande épée. Les hommes sont absents de son oeuvre à trois exceptions près: Jan Saudek lui-même, son père et son frère.

Saudek, très décrié à ses débuts, est maintenant reconnu. Ses photos très particulières ne laissent pas indifférent. En fait, rien ne sert d'en parler, il suffit de regarder ses oeuvres et de se laisser porter par leurs facettes drôles ou tragiques.